Opus

OPUS

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Eric Prydz

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2015

Ne vous fiez pas à sa figure de jeune premier et à son sourire. S’il n’en porte pas les cicatrices, Samuel a d’ores et déjà parcouru le monde et les entreprises dans le but d’esquisser le potentiel futur du travail. Il est aujourd’hui l’un des experts français du sujet qu’il partage notamment dans son film documentaire « Why do we even work ». J’ai eu la chance d’échanger avec lui sur la construction de sa réflexion, ponctuée de plusieurs anecdotes personnelles et pour tout ça je l’en remercie. Trêve de bavardage, il est temps d’aller tester un nouvel air dans le futur du travail selon Samuel Durand…

1. Soif d’apprendre et de liberté

J’ai commencé à travailler à 19 ans. A l’époque, j’étais en école de commerce et nous avions décidé de monter une boîte de vêtements « sportswear » avec mes potes. J’apprenais sur plein de sujets. Nous en étions aux prémices de l’influence marketing que mes livres ne me permettaient plus d’expérimenter, j’étais dans le concret et l’action et j’adore ça. J’ai testé de nombreux lancements produits, mettant toujours mes clients au cœur de ma stratégie. Nous étions alors en 2016, j’étais totalement libre, en gagnant bien ma vie. Chaque matin, j’avais envie de me lever et d’apprendre toujours plus. Puis est arrivée l’année de césure et ses périodes de stages obligatoires.

2. Un rôle d’observateur extérieur crédible

Une anecdote que je n’ai jamais racontée à personne illustre assez bien ma position. J’ai toujours été fan de ski. J’ai donc voulu tester le salariat dans une petite entreprise de matériel de ski. J’ai passé des entretiens pour un stage en SEO (référencement digital). Lors de l’entretien, j’ai dit au DG qu’il pourrait pitcher ses produits de cette manière, qu’il pourrait plutôt aller dans cette direction et il m’a répondu de but en blanc « en fait tu voudrais mon poste ? ». Bien essayé…je n’ai pas eu le stage…

Dès les débuts de ma carrière, j’ai voulu avoir une position me permettant d’avoir une vision globale et mouvante un peu comme le monde tel que je le vois. Je viens du monde de l’entrepreneuriat. Mon père, expert-comptable, avait sa propre entreprise et ma mère était médecin libérale. Ce n’est pas parce que j’ai toujours voulu être indépendant que je ne connais pas le monde de l’entreprise, au contraire. J’ai pu voir beaucoup de boîtes, parler à de nombreux salariés, plus que si j’y avais été employé directement. Enfin j’ai lu, lu et lu pour pouvoir m’imprégner du maximum d’informations sur l’univers de l’entreprise et surtout sur l’environnement du travail qui me passionnent. Tout ceci fait de moi un observateur extérieur expérimenté, documenté et donc, je pense, pertinent.

3. Pourquoi continuer à travailler et comment bien le faire…

Dans mon documentaire « Why do we even work? », je mets en avant la quête de sens qui est personnelle à chaque personne. La tâche, la mission d’une entreprise doit être commune mais chaque personne recherche quelque chose de différent. C’est là que le rôle du manager est clé. Sa vocation première devrait être d’hyper personnaliser le quotidien de chacun afin que chaque salarié puisse répondre par la positive aux questions suivantes : « est ce que ce que je fais a du sens ? » « Est-ce que je me sens bien ? » « Ai-je eu de l’impact aujourd’hui ? »

La clé à mon sens pour pouvoir faire cela est de privilégier des one-one afin de donner la possibilité aux collaborateurs de raconter ce qu’ils veulent, que ce soit sur le plan professionnel ou personnel. Ces temps permettent aux managers de se connecter aux leviers de motivation de la personne et d’actionner ces leviers.

Aux vues des difficultés de recrutement actuelles et des grandes vagues de départ auxquelles sont confrontées les entreprises, il va falloir privilégier de plus en plus la politique humaine.

4. L’exception culturelle française ou monde sans frontières

Après avoir voyagé dans le monde entier, je n’ai pas observé beaucoup de différences entre la France et les autres pays. Les modes de fonctionnements et d’organisation sont plutôt propres à une entreprise qu’à un pays. Pour autant, la France reste très attachée au présentéisme. Inversement, j’ai une vision assez libérale du travail et je reste convaincu qu’il est possible de travailler totalement en remote depuis n’importe où sans entacher la qualité du dialogue et en restant productif. Pour moi, l’hybride, dont tout le monde parle aujourd’hui, n’est qu’une étape mais la vraie flexibilité reste importante pour tout le monde.

Bien sûr, il y a des moments en entreprise où le présentiel reste nécessaire pour créer des liens personnels : temps forts, temps de créativité, onboarding d’un nouvel arrivant, … mais une fois ce lien créé, chaque personne devrait être libre de travailler comme elle le ressent. Nous ne sommes pas tous égaux devant le télétravail et justement les personnes ressentant le besoin de revenir plus souvent devraient pouvoir être libres de le faire tout comme la personne souhaitant rester chez elle. En résumé, rien ne devrait être imposé. Pour autant, même si je suis convaincu par ce type de modèle offrant une liberté totale, je suis tout autant persuadé que les grandes entreprises françaises mettront des années à accepter la liberté totale, voire n’y arriveront jamais.

5. Quel positionnement pour les entreprises…

La question du salaire en télétravail est assez touchy. Peut-on payer une personne moins cher car elle a décidé de partir dans des zones à moindre coût comme en Chine ou en Inde ? Je n’ai pas la réponse à cette question. Toutefois, à mon sens, l’important pour une entreprise est de trouver une compétence. Et en disant cette phrase, cela ouvre à de nombreuses possibilités ! En effet, avec le télétravail, une entreprise parisienne n’est plus cantonnée à des recherches dans le bassin parisien, elle peut ouvrir ses recrutements à la province, voire à l’étranger tant que la personne recrutée est prête à se déplacer pour quelques temps forts, des moments d’équipe et son propre onboarding ! C’est ça, la liberté !

6. S’adresser aux travailleurs du futur

J’ai sorti une BD cette semaine s’intitulant « Montre-moi le travail de demain » et s’adressant aux plus jeunes. La BD raconte l’histoire d’une jeune diplômée de 20 ans qui ne sait pas ce qu’elle veut faire dans la vie et qui se pose beaucoup de questions sur son futur. Pourquoi les jeunes ? Parce que je me suis déjà adressé à la population salariée, aux 30 ans et plus, par le biais de mes documentaires. C’était l’occasion d’adresser mes réflexions à des enfants / adolescents ayant un regard vierge sur le monde du travail via un canal de communication différent.

Vous l’aurez compris, Samuel présente des convictions franches et assumées sur le monde de l’entreprise laissant une grande place à la liberté et l’épanouissement personnel. Il intervient d’ailleurs beaucoup pour des moments de réflexions autour de l’organisation du travail et comment réconcilier groupe (entreprise) et individus (collaborateurs). Pour commencer, je vous conseille le documentaire « why do we even work ? » qui reste une belle source de réflexion. Pour ma part, salariée depuis plus de 15 ans (oui les années passent…), ce fut un moment enrichissant de voir à quel point une personne peut ressentir et vivre de manière positive sa liberté totale sans que cela soit toujours en phase avec mes habitudes, mon côté old school. Je lui souhaite beaucoup de réussite pour son avenir et vais personnellement courir acheter sa BD afin de donner des pistes de réflexion à mes enfants. Par ailleurs pour ceux qui auraient envie d’ailler plus loin, son nouveau documentaire « Time to work » sort début avril! J’ai déjà pris ma place pour découvrir cette nouvelle pépite!

Et pour vous, le futur du travail c’est quoi ?

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